03/02/2025
Magie, aberrations et réinvention de l’imaginaire

Dans l’histoire de l’art, certaines démarches créatives se sont nourries de l’imprévu, des accidents et des anomalies, pour ouvrir de nouvelles perspectives. De Léonard de Vinci, qui observait les taches sur les murs pour stimuler l’imagination, à Jérôme Bosch et ses créatures fantastiques défiant toute logique, l’étrangeté et l’imparfait ont parfois joué un rôle clé. Jackson Pollock, avec ses toiles issues de techniques de dripping aléatoires, ou Gerhard Richter, dont les peintures hyper-réalistes de photos floues capturent les incidents et imperfections du processus photographique, montrent que l’accident peut devenir une source de richesse visuelle. Même dans le cinéma et le dessin, des figures comme David Lynch exploitent les anomalies et le hasard pour enrichir leur univers artistique.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle s’inscrit dans cette lignée en tant que nouveau médium. Elle offre un champ d’expérimentation inédit où les données se transforment en images, où les erreurs algorithmiques deviennent des formes intrigantes, et où l’imaginaire peut se réinventer en permanence. Plus qu’un outil technologique, elle ouvre des territoires créatifs nouveaux, repoussant les frontières du possible. Les plasticiens mélangent désormais le numérique et le physique, créant des expériences qui relient les mondes virtuel et réel.

L’IA et la naissance d’une nouvelle pratique artistique
Comme la photographie à ses débuts, l’IA ne remplace pas les pratiques artistiques, mais les enrichit.
Elle offre des outils uniques pour explorer des esthétiques et des concepts jusque-là inaccessibles, combinant calcul algorithmique et sensibilité humaine. Travailler avec l’IA exige un savoir-faire spécifique : maîtriser les algorithmes tout en guidant l’imprévisible pour en extraire une vision personnelle. L’IA devient un outil comme un autre, capable de repousser les frontières du possible et de réinventer la création.
Chaque innovation a enrichi l’art tout en soulevant des débats. L’IA s’inscrit dans cette lignée, et offre une infinité de possibles. Elle a une vraie valeur.
Voici trois créateurs qui incarnent cette tendance en transformant l’IA en un puissant levier de poésie visuelle.
Ma pref’ : Niceaunties, la féérie des anomalies

Cette artiste numérique joue avec la frontière du bizarre et du merveilleux. Ses œuvres, légères et loufoques, révèlent des anomalies visuelles captivantes. Dans son univers, chaque image semble issue d’un conte revisité où les accidents numériques deviennent des éléments essentiels de la narration. Entre féérie et étrangeté, elle transforme les dysfonctionnements en nouvelles formes d’expression artistique, invitant à explorer la beauté de l’imprévisible.
Le Puissant : Von Wolfe, mondes fragmentés et fantasmagories

Von Wolfe crée des paysages visuels qui oscillent entre surréalisme et abstraction, où chaque élément semble capturé dans un état de mutation permanente. Ses œuvres, marquées par des textures riches et des distorsions subtiles, évoquent des univers oniriques et mystérieux. En jouant avec les limites de la représentation visuelle, il propose des visions où l’étrange et le familier se croisent, plongeant le spectateur dans une réflexion sur l’impermanence et la transformation.
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Le Pompier : Refik Anadol, pionnier de l’art immersif

Déjà reconnu comme une figure institutionnelle, Refik Anadol est un pionnier des installations immersives. À travers des œuvres monumentales, il transforme des données en paysages visuels et sonores saisissants. Ses créations ne se limitent pas à la contemplation, elles sont une expérience physique, elles enveloppent le spectateur dans des univers multisensoriels où l’innovation technologique devient une expérience presque méditative.
Une tendance entre magie et accidents heureux
2025 s’annonce comme une année où l’intelligence artificielle continuera à transformer profondément l’art contemporain. Ces trois artistes, chacun à leur manière, incarnent le potentiel infini de cette technologie comme outil d’expérimentation. Leur travail montre que l’IA n’est pas qu’une technologie froide et rationnelle : elle peut être une source d’étonnement, de légèreté et de réinvention.
Présentées dans des musées et des galeries de premier plan, leurs œuvres célèbrent l’accident heureux, ces défaillances inattendues qui se transforment en points de départ pour de nouvelles formes d’expression. En s’emparant du chaos technologique, l’art contemporain redéfinit notre imaginaire et réinvente la manière dont nous percevons le monde.
Qu’est-ce que l’IA peut nous apporter, à nous, créatifs designers en agence ?

En intégrant ces approches expérimentales, l’IA ouvre la voie à des interfaces et expériences numériques plus audacieuses et immersives. Elle encourage une pensée décalée et un regard neuf sur les formes, les couleurs et les récits visuels. Les créatures hybrides et les univers parallèles issus de ces explorations artistiques peuvent inspirer la création de parcours utilisateurs moins linéaires, plus interactifs et surprenants, capables de captiver et de séduire.
Et pourquoi pas ?!
Article conçu et rédigé par Marie Niollet (UI Designer chez ekino)
L’art contemporain à l’ère de l’IA was originally published in ekino-france on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.