19/12/2018 5 Minutes read Innovation 

L'innovation comme levier de compétitivité ?

La question peut sembler simple. Trop simple même au regard de l’émulation qu’engendrent tous les sujets liés à l’innovation. Aujourd’hui, il semble qu’un consensus se soit établi au sein de toutes les entreprises. La question n’est donc plus de savoir si l’on doit innover, mais de quelle manière innover ? Avec quels moyens, quels investissements, et quelle organisation ? Les entreprises se sentent souvent perdues face à toutes ces interrogations et se posent la question du réel impact de l’innovation sur leurs métiers. Dans ce cas, la question de la compétitivité prend tout son sens. Pourtant, selon Ky Lân Vu Tong qui dirige “l’Atelier”, le pôle de recherche et d’innovation d’ekino Paris, il n’y a aucun doute… à condition d’avoir une démarche pragmatique. Interview :

On entend beaucoup parler d’innovation technologique, d’innovation produit ou encore d’innovation business. Est-ce que tu peux revenir sur la définition même de l’innovation ?

Il s’agit d’abord d’apporter quelque chose de nouveau, une nouvelle expérience. L’innovation d’usage et/ou business est un terme très large. De l’assistant vocal à l’intelligence artificielle, en passant par la blockchain, il s’agit de poser un regard et une vision alternatifs sur les sujets à fort potentiel business et d’exploration. Et évidemment, concevoir et réaliser cette vision.

L’innovation est-elle réellement un levier de compétitivité ?

Sans aucun doute. Et ce, pour tous les secteurs d’activité : luxe, banque, commerce, automobile… L’innovation a une dimension stratégique. Maintenir une veille constante des changements et des forces en mouvement aujourd’hui permet de maintenir une vigilance à court et moyen terme. Ce qui peut permettre aux entreprises de se donner la chance d’anticiper et de changer la donne sur le marché qui les concerne.
C’est un minimum nécessaire. Mais pour ma part, je suis convaincu qu’il faut aller plus loin et tâcher de dégager une vision à plus long terme : 10, 15 voire 30 ans.
Il faut sans cesse anticiper, et se préparer pour ne pas se mettre en posture passive, à subir constamment la pression de ses concurrents.

L’innovation est-elle pour autant devenue un marqueur fort de différenciation ?

Certaines entreprises innovent à des rythmes très soutenus. Quand un acteur innove sur votre marché, vous devez souvent vous contraindre à le suivre pour être en mesure de proposer au moins le même niveau de service. Cela implique beaucoup d’investissements, et pourtant vous ne vous démarquez pas pour autant. D’où l’importance d’être proactif, d’investir dans l’innovation et de communiquer autour de ces sujets. Mais pas n’importe comment, il est primordial de travailler à une innovation pragmatique.

Qu’entends-tu par innovation pragmatique ?

Chez ekino, nous avons toujours eu une culture de l’exigence. Envers nous-mêmes bien sûr, mais également envers les technologies et les expériences sur lesquelles nous travaillons. Mais pour ça, il ne faut pas avoir peur des échecs. Innover, c’est aussi prendre des risques. Cela fait partie du métier. Ces risques, nous ne les subissons pas, nous les transformons en opportunités. Nous mettons en place des méthodologies de conception pour tester et tirer un maximum d’enseignements de ces expériences pour toutes les transformer en atout et en opportunitées commerciales. Nous allons aller chercher les nouveaux usages dont personne ne se doute; pour avoir une vision claire de ce qui peut enrichir l’expérience et les objectifs du client final. Nous partons des besoins clients, et si l’innovation ne résout pas ses problématiques spécifiques, nous lui proposons une autre solution. C’est pour cette raison qu’il est très important de travailler en transversalité avec les équipes commerciale, technique, et marketing. On écoute, on apprend, on recherche, on propose, et on conçoit. Nous sommes convaincus que ce n’est qu’en confrontant nos concepts à la vie réelle qu’on développera les bons outils. C’est ça l’innovation pragmatique.

Le coût que peut représenter l’innovation est souvent un frein pour certaines entreprises. Comment faire ?

Tester une idée ne coûte pas forcément cher. Par exemple, chez ekino, nous mettons en place des “pretotypes”. C’est une phase en amont du prototype; une sorte de mise à l’épreuve qui nous permet d’investir peu tout en tirant le maximum d’enseignements. Avant d’investir ou de faire investir à un client un budget pour un projet innovant, nous devons nous assurer que la solution remplira bien ses objectifs. Une fois l’usage validé auprès des cibles, on peut développer le concept étape par étape et passer à l’industrialisation. Il ne faut pas avoir peur de l’innovation. Une simple et bonne idée n’est pas nécessairement coûteuse. C’est parfois une réorganisation de l’existant qui fera toute la différence.

L’innovation s’intègre t-elle facilement au sein des structures traditionnelles ?

Déployer des solutions/outils innovants a un impact au sein de l’organisation des entreprises qui souhaitent se lancer dans l’innovation. Il est de notre devoir d’accompagner les équipes internes dans cette transformation. Pour cela, nous travaillons main dans la main avec nos équipes Design et UX. Ces équipes vont passer du temps au sein des sociétés pour comprendre leur fonctionnement, identifier leurs besoins, et comprendre leur complexité. Tout au long du projet, nous intégrons les équipes métier, leurs retours et témoignages et nous les accompagnons pour une parfaite adaptation au nouveau dispositif.

Est-il possible aujourd’hui d’anticiper les innovations de demain ?

Innover est devenu une nécessité pour beaucoup de nos clients. Il faut la surveiller, la capter, la comprendre, l’étudier, et la challenger. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’être passif et d’attendre qu’une nouvelle innovation vienne résoudre sa problématique ou menacer son business model. Aujourd’hui, le rythme des nouvelles innovations est si radical et rapide qu’il est essentiel d’être un véritable moteur de son changement pour comprendre les enjeux de demain. Au sein de l’Atelier, nous utilisons des méthodologies d’anticipation stratégique pour identifier les enjeux techniques, d’usage et business à long terme. Cela nous permet de déterminer le type de recherches que nous devons mener pour pousser plus loin encore les sujets d’innovation et faire en sorte qu’ils puissent déployer tout leur potentiel de valeur.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les missions de l’Atelier d’ekino ?

L’Atelier ekino Paris a vu le jour il y a 4 ans maintenant. C’est un centre de recherche et développement axé sur l’innovation digitale. Nous fonctionnons en deux activités principales perméables entre elles :

La veille et la recherche appliquée business : nous faisons une veille constante et rigoureuse. Nous challengeons toutes les nouvelles innovations pour mettre à l’épreuve leur valeur réelle, c’est-à dire leur valeur d’usage et leur valeur business. Nous en tirons un rapport argumenté qui nous permet de trancher sur l’utilité ou non de ces innovations pour nos clients. Une fois cette veille faite et testée, nous allons encore plus loin en menant des recherches orientées “business”. Nous collaborons avec des chercheurs et nos équipes internes pour faire avancer “l’état de l’art” et stabiliser nos découvertes pour les proposer à nos clients.

L’accompagnement : forts de ces expertises, ces enseignements et ces expériences, nous pouvons accompagner nos clients du conseil jusqu’à l’industrialisation. C’est dans cette phase que notre collaboration étroite avec nos équipes design et technique prend tout son sens. Nous pouvons ainsi mener des projets innovants, ayant un sens et de la valeur ajoutée, construits avec la qualité industrielle d’ekino.

Comment ces recherches se mènent-elles concrètement ?

Nous nous entourons de nombreux collaborateurs. Par exemple sur la relation homme/machine, nous échangeons avec des chercheurs, mais aussi avec des scénaristes de cinéma. L’idée est de créer une expérience conversationnelle convaincante et naturelle avec la machine pour aller plus loin que les dialogues actuels souvent déceptifs des chatbots. Les discussions ne sont pas fluides, ce qui nous fait complètement passer à côté de l’expérience globale qui est promise à l’origine. Cette nouvelle étape du chatbot, nous préférons l’appeler “agent conversationnel” dans le sens où il devient un vrai canal de dialogue avec la marque ; un accès facile et naturel à ses services.

Un dernier conseil à donner pour les entreprises qui souhaiteraient se lancer dans l’innovation ?

Oui ! Enfin il s’agit plutôt de questions à soulever que d’un conseil. Posez-vous ces deux questions et vous aurez déjà une première idée de la partie de votre business sur laquelle innover.

  • Si j’étais un concurrent sans limite de ressources innovantes, comment j’attaquerais ma propre valeur sur mon marché ?
  • Quelle partie de mon business n’a pas évoluée depuis un moment ? Ce sera celle qui sera la plus sensible à l’émergence de nouvelles innovations.

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