07/11/2022 5 Minutes read e-commerceStratégie 

Le commerce composable, tendance e-commerce ou vague éphémère ?

Le monde du e-commerce et du retail bouge à vitesse grand V depuis des années. Avec des taux de croissance à deux chiffres quasi chaque année depuis 5 ans, ce sont désormais environ quatre français sur cinq qui achètent en ligne (Fevad, 2021). Et avec le marché, les plateformes techniques sur lesquelles reposent nos boutiques et marketplaces en ligne favorites évoluent elles aussi.

Après la question des PWA, nous avons décidé aujourd’hui de nous attaquer aux architectures composables. De meilleures performances, plus flexible, plus orienté business… les architectures ou le commerce composable représentent pour beaucoup le futur des plateformes e-commerce. Réalité ou marketing ? Nous nous sommes penchés sur la question.

Qu’est-ce que le commerce composable ?

Ces dernières années, nous avons vu se complexifier l’écosystème digital des entreprises dans lequel s’inscrivent les plateformes e-commerces. Tout d’abord composées de solutions e-commerce intégrées et interfacées aux SI des entreprises, ces plateformes sont venues s’enrichir avec la mise en œuvre de stratégies multi et/ou omnicanales. Ainsi, nous avons par exemple vu apparaître DAM, PIM, et autres solutions facilitant l’exposition de produits sur l’intégralité des points de contacts d’une marque – pour ne citer que cet exemple.

Les architectures modernes sur lesquelles repose le commerce composable poussent la modularité un cran plus loin. Lorsque l’on parle de solution intégrée pour des solutions e-commerce, cela signifie que ces solutions supportent de manière native l’intégralité des fonctionnalités nécessaires au bon fonctionnement d’un site marchand : gestion du catalogue, gestion des promotions, panier, parcours transactionnel, création de compte…

Les architectures composables, elles, reposent sur un ensemble de solutions chacune supportant un périmètre plus restreint, afin de créer une expérience e-commerce complète qui repose sur une approche ‘Best of Breed’. Exit les solutions intégrées donc, la plateforme reposera sur un ensemble de produits bien distincts et spécialisés : une solution de gestion du catalogue, une solution de recherche / e-merchandising , et ainsi de suite. Le tout organisé en micro-services, connecté via des APIs, Cloud-native et headless.

C’est les principes d’architecture MACH :

M = Microservices (des briques business spécialisées sont développée, déployées et gérées d’une manière indépendante, grâce à des services faiblement couplés, résilients et observables.)  A = API first (toutes les fonctionnalités métier sont exposées via des APIs)  C = Cloud Native (des applications conçues et développées pour tirer le meilleur parti des possibilités offertes par le Cloud)  H = Headless (un front-end indépendant, découplé du back-end qui permet de renforcer l’approche “customer centric” et omnicanale avec la capacité de lancer de nouveaux canaux très rapidement et les possibilités de personnalisation de l’expérience par plateforme / canal. )

Quels sont les bénéfices du commerce composable ?

La modularité des architectures composables n’est pas un bénéfice en soi. Cependant, cette dernière se cache derrière un certain nombre de bénéfices, tels que :

  • Performance : l’utilisation d’un catalogue de solutions pour construire sa plateforme e-commerce permet de sélectionner les solutions les plus performantes sur un périmètre donné (best-of-breed).
  • Disponibilité : bénéfice commun à toutes les architectures modulaires compte tenu du faible couplage entre les différentes briques de la plateforme.
  • Expérience et omnicanal : des expériences plus riches et uniques peuvent être crées grâce aux architectures d’API et aux front-ends headless (tels que les SPA ou les PWA). De la même façon, il sera plus simple de distribuer l’information sur vos différents points de contact dans le cadre d’une stratégie omnicanale. Ces architectures ouvertes peuvent également simplifier la communication avec des SI ou des plateformes e-commerce partenaires (marketplaces B2B ou B2C par exemple).

Meilleure performance, disponibilité, expériences plus riches: dans le cadre du commerce en ligne, ces différents facteurs impactent positivement l’intégralité des indicateurs de performance commerciale.

D’autres bénéfices sont cependant à mentionner :

  • Time to market et capacité à innover : il est plus simple et plus rapide pour une équipe d’intégrer ou de changer une brique de la plateforme compte tenu du couplage faible et du périmètre restreint géré par chaque solution. Ainsi :
  • La plateforme peut évoluer plus facilement ;
  • Les délais de mise sur le marché sont réduits ;
  • La réponse à l’apparition de nouveaux besoins est rapide ;
  • La dépendance du métier à la technologie est réduite car il est facilement possible d’ajouter de nouvelles briques.
  • Réduire les risques de dette technique : la complexité des systèmes e-commerce intégrés, devient énorme au fil des années et la dette technique s’accumule  au risque d’échapper à tout contrôle jusqu’au point de non-retour. L’efficacité du delivery sera relativement faible et, par conséquent, les changements de plus en plus coûteux, avec un time to market impacté comme mentionné ci-dessus.
  • Réduction du vendor lock-in : la dépendance vis-à-vis des éditeurs logiciels est également réduite compte tenu de la diversité des fournisseurs sur lesquels repose la plateforme.

Le commerce composable est-il adapté à tous ?

Le commerce composable offre effectivement de nombreux avantages. Cependant, comme souvent, il ne s’agit pas d’une solution magique, et il est nécessaire de prendre un certain nombre de facteurs en compte afin de s’assurer de faire le bon choix.

  • Maturité digitale : dans le cadre d’architectures modulaires de ce type, la maturité digitale de l’entreprise est un facteur crucial. Il ne s’agit pas juste de construire un site web. Il s’agit de piloter la construction et le run d’un écosystème complet. Il est donc nécessaire de disposer d’une équipe aguerrie aux problématiques de tels écosystèmes et capables d’appréhender les problématiques techniques et fonctionnelles associées.
  • Gestion des partenaires : qui dit commerce composable dit portefeuille de partenaires élargi. Il est donc nécessaire de gérer la relation commerciale avec de nombreux éditeurs et/ou partenaires techniques, ce qui peut parfois s’avérer être demandeur en termes de temps.
  • Diversité des back-offices : qui dit multiples produits dit multiples interfaces de gestion auxquelles il faut se familiariser. Cela peut être difficile pour le métier. Des back-offices unifiés sur mesure peuvent être construits, mais cela demande un effort additionnel.

Le commerce composable : futur des plateformes e-commerce ?

La réalité est que ce type d’architecture n’a rien de nouveau dans le monde du e-commerce et du digital.

Jeff Bezos a évoqué dans son manifeste architectural de 2002, une grande partie des principes MACH. Ces principes sont d’ailleurs devenus le fondement technologique d’Amazon. Cela fait aussi plus de vingt ans que l’on voit évoluer les architectures modulaires depuis l’apparition du SOA.

Cependant, l’apparition de solutions éditeurs gérant des périmètres fonctionnels réduits est un peu plus récente dans le monde du commerce digital (ex : solution de gestion de panier, moteurs de recommandation basés sur l’IA…). Il est très probable que ce type d’architecture continue de fleurir, surtout qu’il s’inscrit dans le paradigme des architectures Cloud et micro-service (MSA).

Bien qu’elles présentent des avantages indéniables, les architectures composables nécessitent une vision précise des enjeux business et une expertise technique qui permet de gérer et de faire vivre des plateformes hétérogènes.

Lancer son e-commerce avec une architecture composable requiert un effort conséquent aussi bien sur les aspects techniques que métier, avec souvent le risque d’avoir un écosystème surdimensionné. Un bon point de départ serait la refonte d’une solution classique existante, intégrée vers un écosystème e-commerce composable, avec une vision plus précise des challenges business et des pain points ainsi qu’une certaine maturité acquise sur les sujets e-commerce.

Pour ces enjeux de replatforming, il s’agira aussi de choisir la bonne stratégie de cut-over : une refonte progressive (par composant métier, marque, pays…) ? ou une approche Big Bang ? Cela dépendra des enjeux business, des contraintes techniques et des risques. On pourra d’ailleurs traiter ce sujet dans un prochain article.

En attendant, si vous envisagez la construction d’une telle plateforme, un peu d’introspection est nécessaire : disposez-vous des équipes, de la maturité et de la culture tech & digitale nécessaire à la gestion d’une telle plateforme ? Êtes-vous équipés pour piloter une myriade de fournisseurs ? Si vous ne pouvez pas répondre à ces questions, nous vous conseillons de vous faire accompagner par des spécialistes, afin d’éviter de vous faire piéger par un écosystème que vous n’arrivez pas à maintenir. Car il s’agit de votre outil de vente après tout.

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